TES ou le numerique liberticide

Le gouvernement a publié le 31 Octobre, en plein milieu du pont de la Toussaint, un décret créant un vaste fichier biométrique dit TES.

Il faut être conscient qu'il s'agit d'un recul de nos libertés.

Le fichage de l’ensemble de la population Française a déjà fait l’objet de nombreux débats dans l’histoire de France et a toujours été refuse, souvent grâce au combat mené par la Gauche pour la préservation de nos libertés.

A la libération, le fichier national créé en 1940 pour « permettre à la police de l’Etat Français » de mieux contrôler les habitants a été détruit.

En 1974, une initiative similaire du président Pompidou, portee par le Ministre de l’Intérieur Jacques Chirac, avait soulevé un tel tollé qu’elle fut abandonnée et contribuat a la création de la CNIL.

En 2012, la droite avait lancé le projet de création d’un « fichier des gens honnêtes », contre lequel l’actuel ministre de la Justice s’était élevé et qui fut finalement retoqué par le Conseil Constitutionnel.

Aujourd’hui, l’argument utilisé est celui de la lutte contre le terrorisme, que tout le monde soutient, et en particulier de la nécessité de lutter contre la falsification de documents d’identité.

Tous les experts indiquent qu’il ne s’agit pas de la bonne réponse, qu’elle est mal pensée et ouvre la porte a toutes les dérives liberticides, en particulier sur la question du fichage des « minorités ».

Malgré tout cet historique, malgré les réserves sévères de la CNIL, malgré son inadéquation a la lutte contre le terrorisme, le gouvernement agit par décret, sans débat national et sans consultation parlementaire.

Le Secretariat d'Etat au Numerique est celui de l’inclusion progressiste de la technologie numérique dans nos vies citoyennes, il ne doit pas être celui du recul de nos libertés à cause des possibilités ouvertes par la technologie numérique.

Une telle initiative nous rapproche de la société sous surveillance et de la réduction des libertés décrites par Georges Orwell.

Je me doute que cette décision politique n’est pas venue de l'équipe d'Axelle Lemaire mais je compte sur elle pour porter mon indignation auprès de ceux qui, dans un gouvernement de Gauche, ont lancé cette initiative.

Nous devons avoir un debat national et un debat parlementaire, c'est ainsi que la democratie fonctionne!

Je suis inquiet et en colère.

Posted on November 2, 2016 .

PEACE, NOT WAR

This morning, I just hope that my dear British friends will not forget that, because Europe was created, we have enjoyed 70 years of peace for the first time in centuries.
This generation might not remember, but war is death and sorrow.
War is your father, mother, husband, wife, son, daughter not coming back alive.
War is families devastated forever.

Posted on June 23, 2016 .

Une belle journée en Italie – Adoption de l’union civile pour les partenaires de même sexe

Ainsi donc, les couples de même sexe disposeront de la capacité à s’engager dans un mariage civil.

Quel plaisir de voir ce pays, un des derniers grands pays d’Europe à ne pas l’avoir fait, rejoindre la cohorte des pays qui luttent pour l’égalité des droits.

Bien sûr, comme dans un certain nombre de pays, ce texte n’est pas parfait et aurait pu aller plus loin. Il faut aussi rester prudent et reconnaître que, dans un pays où la puissance politique du Vatican est très plus importante que partout ailleurs en Europe, il s’agit déjà d’une grande avancée.

Viva Italia !

Posted on May 11, 2016 .

Traité de PD par son patron, viré parce que LGBT, non, ce n’est pas de l’homophobie pour la justice Française

Traité de PD par son patron, viré parce que LGBT, non, ce n’est pas de l’homophobie pour la justice Française

Décidément, les temps sont noirs pour les minorités…

Encourages par le glissement politique et sémantique de la droite depuis une décennie, soutenus par le discours décomplexé de l’extrême-droite, tolérés par une gauche en mal de boussole, les discours discriminants s’inscrivent dans le quotidien des Français.

Ainsi, un tribunal des prud’hommes s’est couvert de honte.

En rappel des faits, l'affaire démarre en octobre 2014 quand un jeune homme, employé en période d'essai dans un salon de coiffure parisien, reçoit par erreur un texto de sa responsable: "Je ne garde pas (l'employé, NDLR), je le préviens demain (...) je ne le sens pas ce mec: c'est un PD, ils font tous des coups de putes", selon les faits relatés par le jugement du 16 décembre 2015, consulté vendredi par l'AFP.

Le lendemain, le jeune homme se présente sur son lieu de travail. La rupture de sa période d'essai lui est signifiée. La victime, qui souhaite garder l'anonymat, attaque aux prud'hommes son employeur. Celui-ci nie pourtant tout lien entre la rupture de la période d'essai et son homosexualité.

À l'audience, l'employeur avait aussi estimé que le terme "PD", "entré dans le langage courant", n'était "qu'un simple abus de langage" et qu'il n'avait "aucun sens péjoratif ou homophobe dans l'esprit de la manager".

Un dernier argument que reprend le conseil de prud'hommes pour motiver son jugement: "En se plaçant dans le contexte du milieu de la coiffure, le conseil considère que le terme de +PD+ employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes."

Le conseil considère aussi que "l'employeur n'a pas fait preuve de discrimination (...) mais que ce sont des propos injurieux qui ont été prononcés". Il accorde à l'employé 5.000 euros au titre du préjudice moral.

C’est cette faiblesse morale qui conduit aux violences sur le lieu de travail, aux violences familiales sur les jeunes LGBT, aux violences dans la rue.

J’aimerais entendre plus nos responsables politiques s’exprimer, plus haut, plus fort. J'aimerais entendre plus les reseaux sociaux et politiques,toujours si prompts a s'enflammer.

La gauche ne sera forte que lorsqu’elle sera intransigeante sur ses valeurs et pragmatique dans sa pratique du pouvoir, et en particulier dans sa vision du monde économique.

Cette ignominie souligne aussi cruellement l’agonie de notre justice prud’homale, sclérosée, a bout de souffle et si peu professionnelle. Quant on pense que c’est la que sont rendus des jugements cruciaux pour nos concitoyens, cela fait peur.

De tout cœur, je soutiens ce jeune homme.

Le combat continue : nous avons gagné le combat du mariage pour tous, nous avons encore de nombreuses nouvelles batailles a gagner pour préserver nos droits.

 

 

 

 

Posted on April 10, 2016 .

Le progrès passe par un renouvellement des responsables politiques

Une excellente tribune de Michel Guénaire, avocat et essayiste, sur LE PLUS (Nouvel Observateur).

3 idées intéressantes à débattre:

- établissement d’un financement public spécifique des nouveaux partis

- un ensemble de mesures visant à casser le métier politique : interdiction d’exercer le même mandat plus de deux fois successivement, interdiction du cumul de l’exercice de plus de deux mandats simultanément, suppression des réserves parlementaire et ministérielle dont les fonds profitent une nouvelle fois aux élus du système dans leurs campagnes de réélection, rétablissement de la règle selon laquelle un ministre ne doit pouvoir retrouver son siège de parlementaire qu’au terme d’une élection partielle alors qu’il peut à présent le retrouver automatiquement

- création d’un vrai statut de l’élu

Je suis particulièrement favorable aux deux derniers sujets, que je défends depuis longtemps.

Les structures humaines changent quand les hommes et femmes qui les dirigent changent.

La reconquête de la confiance populaire passera par une réforme sérieuse de la gouvernance du pouvoir politique, de l’Etat et des entreprises.

Lire la tribune complète en cliquant ici

 

 

Posted on January 11, 2016 .

Mes voeux pour 2016. Pieux? Peut-être pas...

2015 restera pour moi une année difficile, au cours de laquelle notre communauté nationale a encore beaucoup souffert :

- Le nombre de personnes sans emploi continue à faire peser une pression inacceptable sur trop de nos concitoyens ainsi privés de subsistance et pire encore d’espoir. Tant que ce défi ne sera pas relevé, le reste n’est finalement qu’accessoire.

- Les attentats et la menace terroriste encore présente créent un climat d’angoisse pesant. Cela nous fait aussi mesurer combien nous avons sans doute joué les apprentis sorciers en intervenant militairement au Moyen-Orient parfois sur une base légale ou morale fragile.

- Les élections régionales ont confirmé la consolidation de l’assise électorale du Front National. Je n’y vois rien de nouveau. La frange la plus conservatrice de la droite Française a toujours défendu un corpus d’idées très proche de celui du Front National, même si cela se faisait avec une certaine discrétion. Le virage conservateur de N. Sarkozy a simplement légitimé la possibilité de tenir certains propos. Et les électeurs ne s’y sont pas trompés : autant voter pour l’original plutôt que pour le pastiche. Reste qu’en toile de fonds grandit un rejet du personnel politique, de plus en plus éloigné de la vie réelle.

Alors je forme pour 2016 des vœux d’espoir, parce que nous portons en nous les ressources nécessaires pour créer le renouveau dont notre pays a besoin.

J’espère voir la situation économique se redresser et enfin permettre d’inverser la courbe du chômage. Sans cela, et sans un redressement particulier de l’emploi des jeunes, nous ne pourrons pas juguler la montée de la violence, du communautarisme, de l’extrémisme. Une société dans laquelle l’écart entre ceux qui ont le plus et ceux qui ont le moins s’agrandit chaque décennie est une société condamnée.

J’espère voir la communauté nationale débattre sainement, ardemment, librement, des grands sujets qui nous agitent, parce que du débat démocratique seul peut sortir la justesse d’une politique. Ne pas s’écharper sur la question de la déchéance de nationalité, mais se concentrer sur d’autres débats, autrement moteurs : améliorer l’intégration des jeunes sous-diplômés, organiser la transition des savoirs entre générations, réinventer la promotion des filières professionnelles, structurer l’obligation de diversité dans toutes les organisations, réformer les régimes de retraite avec l’objectif d’un système unique équitable pour tous les salariés, qu’ils soient du secteur public ou privé…

J’espère voir la galaxie politique, dans son ensemble, préparer un vrai changement de génération que la fin théorique du cumul des mandats en 2017 devrait permettre. Démanteler les népotismes régionaux, interdire les cumuls de mandats politiques et civils (HLM, SEM, communauté de communes, organismes publics…) qui font de certains des salariés multicartes dont l’unique objectif est la constitution d’un revenu, obliger le personnel politique à revenir à la vie civile à intervalles réguliers, faire la chasse aux « planques de la République », interdire de politique ceux qui ont été condamnés pour des faits politiques (corruption, abus de biens, emplois fictifs…).

Retrouver un peu de mordant pour trancher et ramener la vertu.

Avec la vertu reviendra la confiance.

Avec la confiance reviendra la réflexion et l’intelligence du vote.

Bonne année !

 

Posted on January 7, 2016 .

Le Front National et la violence, une vieille histoire…

Et soudain, tout devient transparent, lisible.

Parce qu’un journaliste fait son travail, parce qu’un historien cherche à mettre en perspective pour faire réfléchir, le FN s’embrase et se montre, sous le coup de la colère, pour ce qu’il est : un rassemblement de haines, un chaudron de violence sans limites, un empilement d’ignorance et d’imbécillité.

Parce que la question n’était pas de comparer le FN à Daesch, mais d’essayer de comprendre le lien éventuel entre des politiques d’inclusion (ou d’exclusion) et la poussée de mouvements identitaires.

Bien entendu, Mme Le Pen n’intervient pas sur le débat intellectuel de fonds, mais sur le simple fait que les noms du FN et de Daesch soient prononcés dans une même phrase.

Et elle publie sur Internet, sans protection ni floutage, des photos épouvantables d’hommes martyrisés dans des conditions ignobles.

A quoi pensait-elle ?

Aux enfants, qui pourraient voir ces photos ?

Aux familles de ces victimes ?

C’est là que se révèle la vraie nature du FN.

Pour Mme Le Pen, digne fille de son père, il n y a pas de limites à la violence, verbale, morale, physique, et il n y a aucun respect à avoir pour rien.

Seule compte la conquête du pouvoir, du pouvoir pour le pouvoir.

Pas pour améliorer la condition de la société, rendre notremonde meilleur, mais le pouvoir pour le pouvoir, pour l’exercer, pour pouvoir forcer, écraser, séparer, imposer ce qui est bon ou pas, sélectionner les « bons » et les mauvais…

Montrer ces photos sans pudeur, Mme Le Pen, relève de la même ignominie morale que d’oser dire que les camps de concentration sont un détail de l’histoire. Propos de votre père, président d’honneur et fondateur de votre parti.

Cela témoigne de la même perte de tout repère moral.

Je n’en suis pas étonné.

Posted on December 16, 2015 .

Chacun vit l’expérience de la musique comme un espace et un moment de pure liberté individuelle

Belle tribune de Philippe Cassard (La Croix):

"Natalie Dessay s’empare de « Perlimpinpin », la chanson de Barbara, à l’occasion de l’hommage rendu, dans la Cour des Invalides à Paris, aux victimes des attentats du 13 novembre. Je me trouve, à ce moment précis, dans un avion en partance pour New York, le décollage ne va pas tarder. Bravant l’interdit des hôtesses, j’ai les yeux rivés sur l’écran de mon iPhone. France 2 retransmet la cérémonie et je veux en partager jusqu’au bout la douloureuse gravité. Natalie n’a pas choisi de chanter un air d’opéra, un Lied ou une mélodie. Lors de nos tournées, à deux reprises, tristes coïncidences du calendrier, nous avions ouvert notre récital par un Lied non prévu, le « Du bist die Ruh » (« Tu es la paix ») de Schubert : l’an dernier à Séoul au lendemain du naufrage d’un ferry qui avait fait périr 400 collégiens, et à Saint-Petersbourg fin octobre, en hommage aux 225 victimes russes d’un crash aérien en Egypte.

Les paroles de « Perlimpinpin », ce matin de novembre, nous serrent le coeur, les larmes sont difficilement retenues :

Pour qui, comment quand et pourquoi ? 
Contre qui ? Comment ? Contre quoi ? 
C’en est assez de vos violences. 
D’où venez-vous ?
Où allez-vous ?
Qui êtes-vous ?
Qui priez-vous ?
Je vous prie de faire silence.
(…)
Car un enfant qui pleure,
Qu’il soit de n’importe où,
Est un enfant qui pleure,
Car un enfant qui meurt
Au bout de vos fusils
Est un enfant qui meurt.
(…)
Que c’est abominable d’avoir pour ennemis
Les rires de l’enfance !
Vivre,
Vivre
Avec tendresse,
Vivre
Et donner
Avec ivresse !

Mais ce qui me touche aussi, à cet instant, est la force de la musique, autant que l’intensité de la voix qui la porte. Quelques minutes auparavant, l’Orchestre de la Garde Républicaine avait fait résonner l’Adagio pour cordes de Samuel Barber. La liberté suprême de la musique : voilà bien ce que les assassins du 13 novembre et leurs effrayants gourous haïssent. La mort plutôt que la musique ! A Brest, des enfants à qui un dangereux illuminé ressassequ’écouter de la musique, chanter, vous transformera en porc; des instruments de musique qu’on piétine en public partout où l’État Islamique impose sa terreur; des hommes et des femmes de tous âges qui subissent les pires sévices parce qu’ils sont surpris en train d’en écouter ou d’en jouer en cachette. Parce que la musique est nécessaire, vitale, bienfaitrice, salvatrice.

Oui, la musique est une des très rares choses en ce bas monde (la seule, peut-être ?) qui échappe au contrôle et au formatage de la pensée de celui qui la reçoit, et c’est à l’évidence pour cette raison qu’elle représente un danger aux yeux des fanatiques de Daesh. Qui serait en mesure de définir à votre place l’émotionqui est la vôtre, surgie de l’écoute d’une voix, d’un instrument, d’un orchestre, d’un choeur ? Les « professionnels de la profession » peuvent, certes, expliquer comment cette émotion est amenée, par l’analyse des partitions, le décryptage savant des écritures, ou la connaissance des musiques transmises (ils sont très utiles, ces professionnels, et leurs divers points de vue, à travers les époques, nourrissent et enrichissent la réflexion).

Cependant, tout-un-chacun vit l’expérience de la musique à son idée,comme il l’entend si j’ose dire, sans ordre, sans grille de pensée, comme un espace et un moment de pure liberté individuelle. On dira : « c’est beau », « je me sens bien », « ça me fait rêver », « j’oublie mes soucis », « j’en ai les larmes aux yeux », « ça swingue ! », « ça déménage ! », « ça me fait vibrer », « Quel son ! »… des mots tout simples que j’ai entendus tant de fois, ou que j’ai moi-même prononcés, qui témoignent de la puissance de suggestion extraordinaire de la musique. Des mots qu’ont certainement dit, à leur manière, celles et ceux qui constituaient le public du Bataclan, ce funeste soir du 13 novembre. Peu importe que les pédants méprisent ces mots. Elles viennent du coeur, ces expressions spontanées qui refusent, en quelque sorte, d’aller plus loin, plus précis, plus intime. Il suffit d’ouvrir ses oreilles et de fermer les yeux ! L’auditeur est libre, ses émotions sont uniques, elles sont sa richesse, son réconfort, son carburant, peut-être les fera-t-il partager ensuite à autrui. Voilà donc ce qu’il faudrait punir, réprimer, faire disparaître aux yeux des gestapistes islamistes. S’ils savaient, ces nihilistes, que la musique s’écoute à l’intérieur de soi, sur commande, jusqu’au dernier souffle, les yeux dans les yeux des bourreaux, comme un défi à la mort qu’ils vous réservent…

Pour l’agnostique que je suis, quelle transcendance que l’écoute du Chant Grégorien quand les moines de l’Abbaye de Solesmes l’entonnent ! Comment mieux prendre conscience des confins de notre musique occidentale, née dans le silence paradoxal des monastères, que par cette ligne pure et ces mots si délicatement, savamment, sensuellement posés sur les notes ? Mon prochain catholique vivra sa foi à travers la ferveur de ce chant quand j’y goûterai, moi, dans une extase semblable, ce qu’il représente de perfection dans la simplicité, de paix, d’oubli de soi pour faire resurgir l’harmonie du monde."

Posted on November 28, 2015 .

Le mal durable par Hakan Günday, prix Médicis étranger 2015

Continuons à réfléchir et à chercher en nous les ressources humaines nécessaires.

Savoir dire non en fait partie.

 

"L’histoire de l’humanité le montre cruellement : le règne des uns passe souvent par la perte d’innocence des autres.

Car une fois l’innocence perdue, place est faite à une épidémie qui va normaliser toutes sortes d’atrocités. Une épidémie de violence qui ravage toutes les idées et valeurs humaines construites avec tant de peine à travers les siècles. Une violence dont les témoins, s’ils restent sourds et muets, pourraient devenir un jour, à leur tour, des bourreaux.

Parce que cette violence dès lors se vaporise, sournoisement, nous obligeant à la respirer.

Pour qu’on s’y habitue.

Pour que notre peau soit recouverte de gâchettes, et qu’on ne parvienne plus à se toucher les uns les autres sans les déclencher et se tirer dessus.

Pour que nous devenions bêtes sauvages, tandis que d’autres deviennent dresseurs de bêtes sauvages…

Avant cela, c’est l’innocence qu’il faut tuer ! C’est-à-dire tuer d’abord les innocents. À Paris, à Ankara, à Beyrouth, et partout…

À ce moment précis, et uniquement par lui, débute le cercle vicieux : le mal durable. Un mal qui trouverait, dans son existence même, la force nécessaire pour se ressourcer. Un mal qui, pour se régénérer, naîtrait avec le terrorisme djihadiste, s’affermirait avec la xénophobie, s’élargirait avec la vente des armes, se renforcerait avec des « bombardements amenant la démocratie », se solidifierait avec l’exploitation des pays sous-développés, et reviendrait à son point de départ aidé par toutes les inégalités socio-économiques créées dans le monde.

Bref, un mal qui nous unirait tous, autour de la haine, nous faisant croire qu’il est la seule façon d’être.

Alors que non… Ce mot magique qui existe dans toutes les langues du monde : « Non ».

Il suffit juste de le prononcer pour se réveiller.

Et se réveiller, c’est déjà pas mal !

Ce serait un début pour d’abord s’interroger, puis questionner cette réalité qui nous entoure et nous enterre !

Dans le cas contraire, ce qui nous attend est bien clair : si nous nous laissons endormir par ce cercle vicieux, les rêves que nous faisons, et ferons, ne seront plus jamais les nôtres.

Car celui qui se laisse ordonner ses rêves ne peut être qu’un outil de guerre. Rien d’autre.

Hakan Günday"

Posted on November 23, 2015 .

Combat pour la civilisation - Notre réussite dépendra de notre capacité à penser notre action

Je suis ravi de partager ce texte de Philippe Herzog et Claude Fischer.

En parallèle d'une action immédiate, forte et sans complexes, nécessaire à la protection vitale de nos peuples,  nous devons consacrer du temps à la réflexion, individuelle et collective.

Comprendre, chercher en nous la meilleure réponses, bâtir un avenir collectif qui soit pour les générations montantes une source d'espoir, un espace à la fois d'unité et de diversité.

Tous vos commentaires sont les bienvenus.

 

Combat pour la civilisation

Alors qu’une coalition pour éradiquer Daesh paraît enfin être en vue et que la France consolide sa sécurité intérieure, nous appelons à un vaste combat pour la culture et la civilisation.

Notre pays reconnait clairement que nous sommes en guerre et il affirme la volonté de se défendre, c’est légitime, mais c’est dans le monde entier que l’islamisme radical fait des ravages. Au Moyen-Orient, au Liban, en Turquie, en Malaisie, au Bangladesh, au Nigeria et ailleurs les assassinats de masse et les exactions se sont multipliés.

On ne peut pas parler de « guerre des civilisations » puisque Daesh et les autres organisations terroristes ne portent pas une civilisation, mais nous sommes confrontés à une guerre contre la civilisation, où qu’elle soit, une guerre de déculturation et de déshumanisation. Elle est menée certes par des organisations terroristes mais aussi par des individus fanatisés, et avec la complicité et le soutien d’Etats dictatoriaux. Elle a été attisée par les biais stratégiques et politiques de certaines interventions armées extérieures comme en Irak.

Quand on parle de guerre, ilimporte de comprendre l’ennemi. Paris, ville multi-ethnique qui aime sa pluralité, est abasourdie par l’inhumanité des crimes qui l’affectent. On parle de « barbares », mais le terme est impropre et ambigu ; dans le passé, nous aussi Français avons pu être des barbares. Et si les chefs de Daesh comme de Boko Haram et d’autres organisations sont pour la plupart des criminels mafieux sans conviction spirituelle, le pire c’est que des jeunes, des populations, puissent être instrumentalisés par eux comme des agents d’une culture islamiste extrémiste mortifère. Le sentiment terroriste d’unité et de puissance du combat dans l’ombre contre la culture d’un Occident détesté va de pair avec la volonté de purification et, avec Daesh, d’établissement d’un régime totalitaire qu’on peut désigner d’islamo-fasciste. Les musulmans qui massivement au contraire vivent leur religion comme porteuse de valeur de la vie et de l’harmonie, sont les premières victimes des entreprises terroristes. Le risque d’une vague de rejet de l’islam en général, d’islamophobie, peut en retour aggraver toutes les tensions et faire le lit du terrorisme. Il est bien que la France et les régimes occidentaux se mobilisent aujourd’hui pour contenir cette vague mais nous ne pourrons pas échapper au combat culturel et aux clarifications nécessaires.

Nous sommes en guerre, mais bien sûr le moment n’est pas au bellicisme. Quels sont les buts de cette guerre ? Est-ce seulement éradiquer Daesh, ou aussi plus en profondeur faire reculer l’islamisme radical ici et partout dans le monde et viser une paix durable ? Celle-ci ne sera pas possible sans une politique de civilisation. Comment parlons-nous aux jeunes, aux populations européennes, du Moyen-Orient, d’Afrique, et d’ailleurs, et en particulier aux familles des victimes, sans oublier les familles musulmanes fragilisées victimes du nouveau totalitarisme ? Dans les pays où la guerre est installée, les dommages humains ne sont pas « collatéraux » mais relèvent d’une première préoccupation. 

Pensons-nous pouvoir fonder l’unité nationale et notre combat sous le seul drapeau des valeurs de la République ? Bien sûr elles ont été fécondes et nous devons le réaffirmer, mais n’oublions pas que l’union sacrée n’a pas toujours été glorieuse. Et surtout, dans le contexte de la mondialisation, les enjeux d’altérité, de fraternité et de solidarité appellent à une tout autre conscience de la pluralité du monde et des valeurs à partager. Les valeurs de la République sont trop étroites aussi parce que nous oublions que notre civilisation est européenne et a été européenne avant même que s’installe une culture nationale. Or nous ne prenons pas soin de l’Europe et nous convoquons l’Union essentiellement pour servir des intérêts nationaux. L’Europe risque de perdre son âme quand nos enfants ignorent tout de l’esprit européen et de son combat pour l’unité dans la diversité ; quand nous fermons la porte aux réfugiés et quand le repli national fait le lit de l’extrémisme.

Nous devons valoriser la civilisation européenne et en transmettre les fondamentaux. Endiguer les dérives individualistes et former des individus capables d’une vie juste et responsable en société ; fonder notre société sur la recherche du bien commun ; renouveler notre vision du monde. Or les carences éducatives, l’absence d’un espace public européen de communication, la privatisation de l’espace public national par des partis privilégiant la rivalité pour l’exercice du pouvoir sont autant d’obstacles à l’appropriation de valeurs à portée universelle. La loi ne suffit pas à faire société, l’affirmation des droits de l’homme non plus, quand nous ne reconnaissons pas qu’autrui est porteurd’autres valeurs et d’autres cultures. Une politique de civilisation ne doit pas simplement viser à revendiquer et à projeter la nôtre, mais surtout faire appel à des comportements éthiques, et co-construire des relations humaines positives par-delà les frontières dans la vie concrète, à l’école comme au travail ; et à bâtir des régimes politiques où se renouvellent et où se forment des cultures démocratiques.

Le combat pour les valeurs et les identités dans ce XXIème siècle exige des forces et des capacités morales et spirituelles dont nous ne disposons pas encore parce que la déconstruction intellectuelle, l’inaptitude des Etats à porter la vie de l’esprit, la méconnaissance et l’incompréhension des autres prennent le dessus. Mais les potentiels humains existent, les solidarités sont belles et multiples,  ils pourraient se déployer si on levait les obstacles institutionnels et si on faisait appel à une transcendance. En ce sens, la confrontation constructive des croyances et des images identitaires ne doit pas rester taboue ; les contradictions entre la loi religieuse et la loi civile qui se manifestent en dépit de la laïcité doivent être traitées, en particulier s’agissant de la liberté d’expression et de l’égale valorisation des femmes. L’ambivalence de nos propres valeurs doit être reconnue et la contextualisation des croyances religieuses, notamment musulmanes, doit s’apprendre. Notre culture d’intégration dans la République doit être ainsi clarifiée et des relations humaines transfrontières s’organiser à tous les niveaux – écoles, medias, réseaux, relations industrielles et d’innovation… La transcendance n’est pas une doctrine, elle ne peut naître que dans le rapprochement, le dialogue et la fraternité vécus.

Comment concilier la sécurité intérieure, l’intervention militaire et la volonté de réconciliation et de paix durable : cette question nous interroge et la discussion doit pouvoir se développer.

La sécurité intérieure pourrait aller de pair avec l’engagement d’un travail de conscientisation mobilisant les familles, en particulier les plus exposées à la radicalité ; et bien entendu dans les écoles et dans l’espace public politique, dans un souci d’aide et de meilleure compréhension mutuelle. Si on ne le fait pas, les forces qui cultivent l’esprit de conservatisme et de souveraineté nationale pure et simple l’emporteront.

La sécurité a évidemment une dimension européenne majeure. Il ne peut y avoir de liberté de circulation sans discrimination quand il s’agit du terrorisme totalitaire : l’analyse des données et le contrôle doivent être européanisés. Si l’on ne révise pas les accords de Schengen en ce sens, notre belle réalisation communautaire explosera. Il faut apprendre à valoriser l’accueil des migrants avec une éthique de responsabilité et de solidarité, et en même temps faire beaucoup plus pour soutenir les efforts de développement durable dans les pays pauvres et vulnérables aux catastrophes naturelles. De façon générale l’Union ne peut pas rester seulement un espace de droit, elle doit devenir un espace de relations et de co-construction. Quand sa loi est contestée pour de bonnes raisons, elle doit la revoir et inciter à des relations fraternelles et créatrices.  Et il est grand temps de lancer l’objectif d’une éducation européenne.

L’intervention militaire extérieure veut éradiquer Daesh, elle doit aussi être associée à l’endiguement de la violence des mouvements terroristes quels qu’ils soient, sinon il ne suffira pas de couper une tête de l’hydre, d’autres renaîtront. C’est pourquoi nous devons parler aux peuples concernés et mettre les régimes politiques devant leurs responsabilités. La volonté de riposte fondée sur la défense légitime n’est donc pas le seul but, le but stratégique fondamental à affirmer sans retard doit être celui d’une paix durable. Le processus engagé à Vienne est un espoir de dialogue en ce sens pour la Syrie, quand il cherche la voie d’une pacification avec une solution politique faisant appel à un gouvernement de transition ; et si la reconquête par les populations locales des territoires soumis à Daesh et de leur autonomie dans une unité reconstruite fait l’objet d’un accord collectif.

Il y a longtemps que nous n’avons pas pris soin de la vocation de l’Europe. La mondialisation est une dure épreuve mais elle pourrait être surtout l’opportunité de devenir meilleurs. Vouloir penser et agir pour co-construire une civilisation mondiale fondée sur des valeurs partagées : ceci est désormais une urgence.

Philippe Herzog & Claude Fischer

18 novembre 2015

Posted on November 19, 2015 .

A rainbow in the boards shown by the FT. Le Financial Times montre un arc-en-ciel dans le patronat.

I am happy and proud to have been integrated in the 2015 Leading 100 LGBT Executives, in a survey displayed by the Financial Times.

I am happy as it shows that my company supports inclusion and diversity.

To see a 12 pages supplement, within one of the post powerful economic newspaper in the world, dedicated to Executive Diversity is a great collective achievement for those for fight for rights equality and diversity.

The purpose is not to show one person specifically.

It is to demonstrate that some women and men, holding very senior positions, have accepted to show a part of their life outside work.

They want to shout that we have to work, that we can be promoted and just be ourselves.

Accepting to be role models, we want to push for change, to fight discrimination and inappropriate behaviours in the workplace, to push bigots to think.

Because, in a certain way, where I am, I am more protected than others. Few people would dare behaving inappropriately with me, few people would do it without taking a risk.

But how is it for the young electrician on a construction site, my industry?

The last survey done in the construction industry in the UK showed appalling results. With everybody hearing inappropriate or insulting language between weekly and monthly in their workplace…

It is the same fight which pushed me to campaign for the same sex marriage.

It is the same old fight for the right to live, free and respected in all our differences.

 

Je suis fier et heureux d’avoir été intégré à la liste des 2015 Leading 100 LGBT Executives, dans la cadre d’une initiative soutenue par le Financial Times.

Je suis aussi heureux que cela véhicule des valeurs d'inclusion et de respect, parts de notre culture d'entreprise.

Voir sortir un supplément complet de 12 pages consacré par un des premiers journaux économiques de la planète intitulé « Executive Diversity »  est un grand succès collectif pour ceux qui se battent pour l’égalité et la diversité.

L’objectif n’est pas de mettre en avant une personne plus qu’une autre.

L’objectif est de montrer un certain nombre d’hommes et de femmes, à des niveaux élevés de responsabilité, qui ont accepté que soit rendue visible une partie de leur vie hors du domaine professionnel.

Qui ont choisi de dire que l’on doit travailler et que l’on peut progresser en étant complètement soi-même et sans crainte de la discrimination.

En choisissant d’être visibles, nous voulons simplement faire bouger les lignes, faire reculer la discrimination, faire reculer les comportements inappropriés sur le lieu de travail, faire réfléchir tous les intolérants.

Parce que, d’une certaine manière, là je suis, je suis plus protégé. Peu de personnes oseraient avoir avec moi un comportement inapproprié, peu de personnes le pourraient sans prendre un vrai risque.

Qu’en est-il pour un jeune ouvrier sur un chantier de construction, mon industrie ?

La dernière étude sur le secteur de la construction, faite en 2014 au Royaume-Uni, montrait que toutes les personnes interrogées entendaient à une fréquence entre hebdomadaire et mensuelle des propos injurieux ou déplacés sur les LGBT…

C’est le même combat que celui qui m’a amené à prendre la parole sur le mariage pour tous.

C’est le grand et éternel combat au droit de vivre pour tous, libres et respectés dans toutes nos différences.

Voir la liste nominative et les profils

Voir le supplément du Financial Time

 

 

Posted on October 20, 2015 .

Le réfugié syrien et la lepénisation des esprits (#PascalCherki)

Il n y a pas de mots assez forts pour décrire mon malaise et ma honte à voir comment nous traitons ceux que la violence et la misère ont poussés à venir nous demander assistance, au mépris de leur vie.

Impatient, frustré, j’enrage de ne rien pouvoir faire. Nos gouvernements ont commencé à essayer de répondre dans un cadre organisé et financé, et je m’en réjouis.

Et puisque nos gouvernements ne bougeront vraiment que sous la pression des électeurs, tentons de mettre de la rationalité, de l’humanisme et du bon sens dans ce débat.

Je vous recommande la tribune de Pascal Cherki, dont le texte figure ci-dessous et que vous pourrez retrouver son son blog.

Je suis heureux de voir que certains hommes politiques maintiennent le débat au niveau que les citoyens méritent.

 Rien ne naît du rejet ou de l’invective.

 

Tribune de Pascal Cherki publiée sur le HuffingtonPost le 21 septembre 2015

Le Président de la République l’a annoncé, la France accueillera donc 24.000 étrangers supplémentaires d’ici deux ans en sus des 200.000 titres de séjour délivrés chaque année dans notre pays. Ces étrangers accueillis en plus seront des réfugiés fuyant les principales zones de combat au Moyen Orient et en Afrique. Ainsi, la France fait sienne la proposition de la Commission Européenne d’accueillir 120.000 réfugiés sur le territoire de l’Union et prend sa part de l’effort selon les clés de répartition fixées par la Commission elle-même et qui combinent la prise en compte du PIB et la taille des pays d’accueil. Sur ces mêmes critères, dans le cadre du plan européen, l’Allemagne accueillera un peu plus de 30.000 réfugiés.

Cette décision française a été saluée par beaucoup, et à juste titre, au moment où certains pays de l’Union affichaient un refus clair et net de toute forme d’accueil pérenne de réfugiés contribuant ainsi à paralyser momentanément, sur ce point, la possibilité de voir émerger une réponse coordonnée de l’Europe dont pourtant tous s’accordent à reconnaître par ailleurs l’impérieuse nécessité. Craignant en fait que l’afflux des réfugiés ne dépasse largement les 120.000 personnes, l’Union Européenne, et la France donc, ont également décidé d’augmenter les contrôles et la lutte contre les filières de passeurs en Méditerranée, de s’orienter vers la création de « hubs » d’accueil et de filtrage des migrants aux portes de l’Union et de financer le fonctionnement des camps de réfugiés en Turquie, au Liban et en Jordanie qui accueillent près de 4 millions de réfugiés syriens.

Enfin, la question du règlement du conflit syrien apparaît comme une nécessité à moyen terme pour tarir le flux de réfugiés et passe désormais par l’obligation de briser l’Etat Islamique même si nous divergeons encore sur les moyens pour y parvenir tant sur la question de l’ampleur de l’intervention militaire à opérer que sur l’organisation politique d’une Syrie à reconstruire après la victoire contre Daech.

Cette situation mériterait de plus amples questionnements et développements auxquels je ne me livrerai pas ici car mon propos est autre. Il est de s’interroger, à l’occasion de cette crise, sur le rapport que la France entretient avec l’Islam, les étrangers et les Français dont les parents furent étrangers. Sur ce rapport imaginaire, voire fantasmagorique qu’un certain discours, qui tend à imposer sa vision hégémonique dans l’ordre du débat public, relève en fait du désarroi de nos élites et de leur dérive réactionnaire choisie ou subie. Dit autrement, ce moment agit plus comme un révélateur sur la crise d’identité que traverse notre pays que sur les tensions, les ruptures et les recompositions en cours dans le Maghreb, le Proche et le Moyen-Orient.

Tout discours recèle une part nécessaire et inévitable d’idéologie, le mien comme celui des autres. Je ne prétends pas détenir la vérité. En revanche, j’essaie d’étayer mon propos sur des faits, des chiffres et des ordres de grandeur. On pourra douter de la pertinence du choix, de la pertinence de la combinaison, mais, on ne pourra douter de la réalité de ceux-ci. Assoir un discours politique sur une base préhensible est ce qui sépare immédiatement l’idéologie du dogme, du fantasme, du préjugé. C’est ce que je vais m’efforcer de faire maintenant.

La France a donc décidé d’accueillir 24.000 réfugiés supplémentaires en deux ans. Cette décision constitue-t-elle un effort d’une ampleur exceptionnelle au regard de la situation et des potentialités de notre pays? En d’autres termes la France a-t-elle atteint un plafond du nombre d’étrangers présents sur son territoire où toute amplification de l’effort d’accueil risquerait de mettre en péril l’équilibre de notre société ? Pour répondre par l’affirmative, certains n’hésitent pas à mettre en avant le taux de chômage, les concentrations excessives de population précarisées sur certaines parties de notre territoire, quand ce ne sont pas purement et simplement les difficultés d’assimilation de ces immigrés en provenance du Maghreb et d’Afrique subsaharienne au regard des anciennes vagues migratoires composées de Polonais, Italiens, Espagnols et Portugais.

L’antienne selon laquelle « c’était plus facile avant » ou « maintenant c’est différent » est un grand classique des sociétés en crise, où le chômage et les inégalités ont explosé et où, paradoxalement, l’assimilation a progressé mettant sur un pied d’égalité symbolique des populations que l’on acceptait avant d’autant plus de facilité que cela nous confortait dans notre propre idée de supériorité, en corollaire d’une générosité publiquement affichée. Elle aussi alimentée par les effets sociaux concrets de la crise avec l’émergence d’un vaste mouvement réel ou ressenti comme tel de désaffiliation sociale progressive des classes populaires et des segments de la classe moyenne les plus proches de celles-ci.

Nos si fameux « modes de vie traditionnels » sont pourtant bien plus mis à mal par les effets combinés de la globalisation et de la financiarisation du capitalisme que par la multiplication anecdotique des boucheries halal ou la présence plus nombreuse de femmes voilées dans l’espace public.

Contrairement à une idée reçue, le pourcentage d’étrangers dans la société française est resté relativement stable depuis les années 30. Cela montre que notre pays n’a pas subi de grandes vagues migratoires et aussi que la machine à intégrer fonctionne bien dans notre société en ce qu’elle fabrique continuellement et régulièrement des Français. Ceci est dû à une législation relativement équilibrée entre des modes de transmission et d’acquisition de la nationalité française fondés conjointement sur le jus sanguinis et le jus soli. Ceci est dû également à la volonté jusque-là assumée par tous d’élargir, sous conditions, notre communauté nationale définie davantage par une adhésion à un contrat politique collectif que par un principe généalogique ou une logique d’assignation. Ceci est dû enfin à la volonté des étrangers de devenir français puisque chaque année désormais, autour de 100.000 étrangers acquièrent la nationalité française par naturalisation. Selon les chiffres issus du rapport transmis chaque année au Parlement par le Ministère de l’Intérieur en application de l’article L. 111-10 du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA), il ressort que la France compte sur son territoire 3,9 millions d’étrangers. Sur ces 3,9 millions d’étrangers, 3,3 sont nés hors de France soit 84,6% du total, et 0,6 million sont nés en France. A peine 15% des étrangers présents sur le territoire français sont nés en France, cela éclaire mon propos précédent sur la bonne marche de la machine à assimiler dont la première étape est la fabrication de nationaux à partir d’étrangers. Ce chiffre ne concerne que les étrangers en situation régulière auxquels il faudra donc ajouter les immigrés clandestins ou sans papiers dont il est raisonnable de penser que le nombre n’excède pas plusieurs dizaines ou centaines de milliers.

Rapporté à une population totale de 64,9 millions d’habitants, le nombre d’étrangers en France est inférieur à 5% de la population totale. 5%, cela signifie en retour que 95% de la population vivant en France est française. On est donc bien loin de la grande « invasion » étrangère proclamée par l’extrême-droite et une partie de la droite française. Cette population étrangère est donc peu nombreuse au regard de la population totale de notre pays. La comparaison avec d’autres pays occidentaux le souligne encore plus. Les Etats-Unis comptent 20 millions d’étrangers sur leur territoire soit 7,2% de la population totale du pays, le Royaume-Uni 4,8 millions soit 7,4%, et l’Allemagne 6,9 millions soit 8,5%. Seul bémol en qui concerne la France, la population étrangère y est mal répartie sur le territoire puisque l’Ile-de-France qui regroupe un peu moins de 20% de la population française accueille près de 45% du nombre total d’étrangers présents dans notre pays. Si le pourcentage d’étrangers est plus faible en France au regard d’autres pays occidentaux, ce n’est pas seulement le résultat de notre belle machine à intégrer mais aussi le produit d’une politique de restriction des entrées d’étrangers sur le territoire national conduite depuis des décennies dans notre pays, quelle que soit la couleur politique des gouvernements. La France est un des pays de l’OCDE où les flux migratoires sont les moins importants. C’est aussi une réalité que nous devons regarder en face alors que nous ne cessons de nous proclamer patrie des droits de l’homme et terre d’accueil des opprimés du monde entier, alors que nous sommes ou avons été présents sur les cinq continents par nos DOM, nos TOM et nos anciennes colonies, alors que nous prétendons jouer un rôle mondial que nous confère encore notre poids économique, notre langue parlée par près de 250 millions de personnes dans le monde entier, et notre siège de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.

Chaque année, la France délivre en moyenne 200.000 premiers titres de séjour. Près de la moitié de ces titres de séjour concerne l’immigration familiale qui, avec plus de 90.000 titres de séjours délivrés, est la première cause de l’immigration en France. C’est surtout cette immigration qui est dans le collimateur de la droite et de l’extrême-droite. La droite, parce qu’il faut bien donner un os à ronger à son électorat de plus en plus séduit par les thèses du FN. L’extrême-droite, dont l’islamophobie est devenue un fonds de commerce que structure un discours paranoïaque sur un hypothétique « grand remplacement ». Sur ces 93.000 titres délivrés, plus de la moitié, 48.267, concerne des regroupements de famille ou de membres de famille de Français tels que visés aux articles L 311-6, L 313-14, L 314-9-3 et L 314-11-2 du CESEDA à savoir les conjoints de Français, les parents d’enfants français, les enfants étrangers d’un ressortissant français. Cette immigration est intouchable au risque sinon de considérer que les Français ne peuvent se marier qu’avec des Français et n’avoir que des enfants ou des parents français. Affirmer cela nous replongerait dans les périodes les plus sombres de notre histoire nationale moderne, celle qui a brièvement existé entre 1940 et 1945 sous la férule de l’Etat français de Pétain.

Reste donc le regroupement familial stricto sensu, celui qui concerne la famille étrangère d’un ressortissant étranger. Il serait pour le moins curieux pour certains d’avoir battu le pavé au nom de la défense de la famille contre le mariage pour tous et de refuser le bénéfice de ce principe à une partie de la population au simple fait qu’elle ne serait pas uniquement composée de Français. Il convient, également, de constater que ce regroupement familial n’a concerné que 16.280 personnes en France en 2013, soit 0,025% de la population française. Le moins que l’on puisse dire c’est que certains dirigeants de la droite poussent loin le souci du détail. Plus sérieusement, ils se permettent d’afficher cette position au mépris de tout l’ordre juridique international et interne auquel la France a adhéré.

Savent-ils que l’Acte Final de la Convention de Genève sur les réfugiés recommande aux Etats signataires « d’assurer le maintien de l’unité de la famille du réfugié au cas où le chef de famille a réuni les conditions voulues pour son admission »? Ont-ils entendu parler de la Convention internationale des droits de l’enfant? Savent-ils que la Convention européenne des droits de l’homme dispose en son article 8 que « toute personne a le droit au respect de sa vie privée et familiale et de sa correspondance », et ont-ils connaissance de l’abondante jurisprudence qui en est issue? Savent-ils enfin que le Conseil d’Etat, dans son célèbre arrêt Gisti rendu en 1978 a élevé au rang de principe général du droit le droit de mener une vie familiale normale, suivi le 13 août 1993 par le Conseil Constitutionnel qui fît de ce même droit un principe à valeur constitutionnelle qui, selon les termes de la décision rendue, « comporte en particulier la faculté de faire venir auprès d’eux leurs conjoints et leurs enfants mineurs »? Quand la droite parle de durcir les conditions du regroupement familial, de quelles conditions parle-t-elle au risque de remettre en cause l’effectivité de ce droit et d’encourir la censure des juridictions nationales et européennes?

Le champ d’application concret du regroupement familial a été substantiellement restreint ces dernières années. Le demandeur au regroupement doit être en possession d’un titre de séjour d’une durée d’au moins un an excluant de ce fait les détenteurs d’une autorisation provisoire de séjour ou les étrangers en situation irrégulière. Il doit pouvoir justifier d’au moins 18 mois de présence régulière sur le territoire français. Il doit se conformer « aux principes essentiels qui régissent la vie familiale en France » (article L 411-5-3 du Ceseda). Il doit posséder un logement considéré comme normal pour une famille comparable vivant dans la même région géographique. Il doit posséder des ressources stables et suffisantes pour subvenir aux besoins de sa famille dont les prestations familiales ou les APL sont exclues du calcul.

Enfin, en cas de polygamie, seule une des conjointes et ses seuls enfants peuvent être admis au regroupement familial. Le conjoint souhaitant venir en France au titre du regroupement familial doit être âgé d’au moins 18 ans et être l’époux ou l’épouse légitime, ce qui exclut les concubins ou les pacsés. Les enfants doivent être mineurs au moment du dépôt de la demande et disposer d’une filiation légalement établie. Sauf cas exceptionnels le regroupement familial doit se faire en une fois ce qui exclut les regroupements partiels. Les conjoints ou enfants appelés à pénétrer en France ne doivent pas y résider tant que le regroupement n’est pas accordé, ils doivent ne pas représenter une menace pour l’ordre public, ils sont soumis à un contrôle médical attestant qu’ils satisfont aux conditions sanitaires générales d’admission en France et ils doivent, s’ils sont âgés de 16 à 65 ans, satisfaire à un test d’évaluation de leurs connaissances de la langue française et des valeurs de la République avant leur départ de l’étranger. Enfin, pour clore ce chapitre anecdotique au regard du nombre de personnes concernées mais tellement révélateur de l’ampleur de la névrose obsessionnelle qui frappe les principaux responsables de la droite française, il convient de ne pas oublier que près de deux millions de nos compatriotes sont établis à l’étranger, dont 1,6 millions inscrits au registre mondial des Français établis hors de France. Que leur présence contribue fortement au rayonnement de notre pays à l’étranger. Que ceux-ci s’installent d’autant plus volontiers à l’étranger qu’ils peuvent y travailler et aussi y faire venir leur famille. A ce jour, aucun pays étranger ne met d’obstacle au regroupement familial de ces Français, hormis dans certains pays concernant le cas des mariages d’homosexuels. Qu’adviendrait-il si, excédés par notre comportement à l’égard de leurs compatriotes installés en France, ces pays se mettaient à rendre en retour très problématique le regroupement familial des Français établis à l’étranger, dont près du quart se trouvent sur le continent africain?

La deuxième raison de l’immigration régulière en France est celle des étudiants étrangers puisque 60.000 titres de séjour leur ont été délivrés en 2013. C’est la moindre des choses pour notre pays qui accueille le siège de l’Organisation Internationale de la Francophonie qui comporte près de 250 millions de locuteurs dans le monde. C’est son intérêt de susciter un lien affectif avec des hommes ou des femmes qui exerceront dans quelques années des fonctions dirigeantes dans l’économie, l’administration, la culture ou la vie politique de leur pays. Cela ne constitue qu’une charge temporaire pour notre pays puisqu’il est attesté que l’écrasante majorité des étudiants retournent dans leur pays d’origine une fois leurs études accomplies. A tel point que la loi sur les conditions d’entrée et de séjour des étrangers adoptée en première lecture à l’Assemblée Nationale a prévu d’assouplir les conditions de passage du statut d’étudiant à celui de salarié pour les titulaires d’un master aux fins de conserver en France une partie de ces futurs cerveaux étrangers.

Reste l’émigration professionnelle qui est résiduelle car elle ne concerne que 8% du nombre total de titres de séjour délivrés en 2013 confirmant en cela la fermeture des frontières de l’immigration économique dans notre pays depuis la fin des années 70.

Et je ne parle là que des flux d’entrées annuelles sur notre territoire national. Pour avoir une vision du solde net, il faudrait y retrancher les départs volontaires et les décès d’étrangers qui contribuent à minorer ce nombre total. Enfin, et pour être tout à fait exhaustif, il convient de tordre le cou à une idée reçue selon laquelle une fois entrés de manière irrégulière, les étrangers seraient sûrs de pouvoir demeurer sur le territoire national. Les assouplissements des conditions de régularisation des étrangers sans papiers heureusement décrétés par la gauche au pouvoir depuis 2012 n’ont pas empêché une augmentation en 2013 de 13% du nombre de reconduites à la frontière, hors Union Européenne.

En décidant d’accueillir 24.000 réfugiés supplémentaires sur deux ans, la France augmentera son nombre total d’étrangers accueillis annuellement de 6% pendant cette période. Il n’y a vraiment pas de quoi pousser des cris d’orfraie. Et ce d’autant plus, que là encore, la comparaison avec d’autres pays apporte quelques éclairages intéressants. Prenons juste le cas des réfugiés syriens. A titre de prolégomènes, il n’est pas inutile de rappeler que la France fut puissance mandataire après la première guerre mondiale au Liban et en Syrie, c’est-à-dire son « tuteur » colonial, et que cela crée des liens dont il n’est pas possible de faire aujourd’hui comme s’ils n’avaient pas existés. Il convient également de ne pas omettre que l’ensemble de la classe politique française a un avis très précis sur ce qu’il conviendrait de faire émerger comme régime politique en Syrie, allant même jusqu’à appeler ouvertement au départ de l’actuel chef de l’Etat syrien, Bachar El Assad. Qu’ainsi ce droit que nous nous octroyons pour des raisons valables au demeurant nous exonérerait en retour de toute responsabilité sur le sort des populations victimes de ce conflit dont nous sommes devenus désormais une des parties prenantes par notre intervention militaire. Quelles justifications pourrions-nous avancer sans nous ridiculiser complètement et faire preuve du plus éclatant cynisme? Notre rang? Mais ne sommes-nous pas un des cinq membres permanent du Conseil de sécurité de l’ONU? Notre situation économique fragile résultant d’un PIB de 2 000 milliards de dollars? Mais que dire alors à la Turquie qui, avec ses 800 milliards de dollars de PIB, accueille sur son territoire 2 millions de réfugiés syriens? Mais que dire encore à la Jordanie qui, avec ses 92 300 km2, ses 8 millions d’habitants et ses 80 milliards de dollars de PIB, accueille 800 000 réfugiés syriens? Que dire enfin et surtout au Liban, notre cher Liban dont la stabilité nous préoccupe tant, qui sur ses 10.452 km2, sa population de 5,8 millions d’habitants et ses 80 milliards de PIB accueille 1,1 million de réfugiés syriens? Que la France ne peut pas faire plus ? Pour toutes ces raisons, que je viens de développer, je considère donc que le chiffre annoncé de 24.000 réfugiés ne saurait être considéré que comme un minimum et que, d’ores et déjà, la France doit se préparer à accueillir davantage de réfugiés. Cela donnera encore davantage de force à tous ceux qui souhaitent, fort justement, que la France rappelle plus nettement à ses alliés arabes les plus riches tels que l’Arabie saoudite, le Qatar ou les Emirats Arabes Unis que la solidarité arabe ne saurait se limiter à des motions votées dans les enceintes diplomatiques internationales et qu’il leur appartient à eux aussi de prendre leur juste part de l’effort en direction des populations civiles victimes des conflits en Lybie, Irak et Syrie. Enfin, certains objectent qu’accueillir plus de réfugiés fera monter l’extrême-droite, que déjà dans nos permanences nous sommes interpellés par des personnes s’étonnant que l’on puisse si facilement trouver des milliers de places d’accueil quand eux-mêmes attendent désespérément depuis des années un logement ou un travail ou les deux. Ce n’est pas faux mais cela justifie-t-il de faire des victimes des coupables? En quoi le réfugié syrien, irakien ou libyen qui risque sa vie en restant chez lui ou en tentant de traverser la Méditerranée dans un cercueil flottant est-il responsable de la montée des inégalités en France?

La deuxième raison avancée ou sous-tendue par les opposants à l’accueil substantiel des réfugiés des conflits du Moyen-Orient en France tiendrait à la difficulté d’intégrer ou d’assimiler les populations musulmanes dans notre pays. Le versant le plus respectable de cette théorie part du principe que la précarisation d’une grande partie de ces populations déjà présentes sur le territoire national rend la situation déjà suffisamment compliquée pour ne pas rajouter une contrainte supplémentaire. L’autre versant de ce discours de fermeture est celui du risque de faire croitre encore en nombre une population déjà tentée par le basculement vers l’islamisme, voire le terrorisme. Rien n’est plus faux que d’affirmer cela.

Tous nos responsables politiques républicains se relaient à longueur d’ondes pour affirmer que l’écrasante majorité des musulmans sont paisibles et adhèrent aux valeurs de la République. Ils ont raison de l’affirmer. Mais, dans le même temps, tout en dénonçant le refus de la communautarisation, ils ne cessent d’exhorter les musulmans de France à dénoncer la radicalisation terroriste islamique en tant que musulmans de France. En agissant ainsi, ils fabriquent une communauté imaginaire tout en dénonçant dans le même temps l’existence de communautés dans notre République. Cette injonction paradoxale ne s’applique bien évidemment qu’aux musulmans de France. A-t-on déjà vu un responsable politique républicain faire publiquement injonctions aux juifs de France de se désolidariser de la politique Israélienne parce qu’ils sont juifs, ou de demander aux Français originaires de la Bretagne de dénoncer, comme bretons, les actes de vandalisme commis par les « bonnets rouges »? Ce seul exemple montre l’immense confusion qui s’est emparée depuis quelques années de nos responsables politiques sur cette question.

Le fantasme entretenu sur la prétendue dérive des musulmans de France vers l’affirmation identitaire, voire vers la radicalisation islamique et le terrorisme, est un discours purement idéologique qui ne résiste pas à l’examen des faits. Olivier Roy, un des meilleurs connaisseurs de la réalité du monde musulman en France et dans le monde, a raison d’affirmer que la communauté musulmane n’existe pas en France en tant que communauté et que l’écrasante majorité des musulmans de France sont complétement intégrés dans notre société.

Les indices sont nombreux qui attestent de la volonté d’intégration républicaine des musulmans de France et de leur parfaite adhésion aux valeurs de notre pays.

Les manifestations appelées par les groupuscules islamistes en France n’ont jamais fait recette.

Il n’existe pas de parti politique musulman de masse en France sauf dans l’imagination littéraire de Michel Houellebecq.

Les trop rares élus musulmans de France le sont dans des formations politiques républicaines et se font les porte-paroles comme leurs autres collègues élus des valeurs républicaines selon la sensibilité politique à laquelle ils se rattachent.

Aucun homme politique français ne prétend que les juifs de France ne sont pas parfaitement intégrés et ne sauraient être distingués des autres membres de la communauté nationale. Et pourtant, sur 90.000 jeunes juifs français scolarisés, 30.000 le sont dans une des 250 à 300 écoles privées confessionnelles juives présentes dans notre pays. Dans le même temps il existe à peine une trentaine d’établissements scolaires privés musulmans dans notre pays qui scolarisent quelques milliers d’élèves. Alors que notre pays compte près de 5 millions de musulmans contre un peu plus de 500.000 juifs. Ce qui signifie que les enfants musulmans de France dont les parents souhaitent qu’ils reçoivent une éducation différente de celle dispensée dans le service public le font pour des motivations de réussite sociale en les scolarisant dans des écoles privées catholiques et non pour satisfaire leur volonté d’affirmation identitaire confessionnelle.

Un autre indice majeur de l’intégration profonde et continue des populations étrangères, principalement musulmanes, dans notre pays doit être recherché dans le taux de mariages mixtes, c’est-à-dire, des mariages entre un(e) étranger et un Français(e). C’est un des taux, si ce n’est le taux le plus important du monde occidental et il avoisinerait selon les enquêtes approfondies 30, voire 40 ou 50% selon les estimations. A titre de comparaison, aux Etats-Unis, pays dont la définition de l’idée de nation se rapproche la plus de la nôtre, le taux de mariage entre blancs et noirs représente moins de 1% du nombre total des mariages. Ceci vient contredire l’idée d’un quelconque repli communautaire et identitaire massif dans notre pays. Enfin, la moitié des enfants d’immigrés sont issus d’un couple mixte.

On a beaucoup disserté sur les attentats commis en France en janvier dernier. Leurs caractères sanglant et spectaculaire n’y sont pas étrangers et c’est compréhensible. De même que l’on discute beaucoup de ces centaines de jeunes partis en Syrie rejoindre les rangs des combattants de Daech. En revanche, on parle moins souvent des jeunes musulmans français de la seconde génération engagés dans les rangs de nos forces armées à hauteur de 10 à 20% du nombre total de ces militaires qui sécurisent nos lieux publics et combattent ou ont combattu en Afghanistan, Libye, Syrie, Mali. De même que si l’on n’hésite pas à relever l’éventuelle « origine » de l’auteur d’un acte de délinquance à raison de son patronyme, on omet de rappeler que son « jumeau », fonctionnaire des forces de police, a parfois contribué à son interpellation.

Enfin à l’occasion de quelque incident dans un établissement scolaire, de banlieue de préférence, ou à l’occasion d’une des poussées de violence qui émaillent de manière récurrente quelques-unes de nos cités, l’on voit resurgir les habituels discours sur les « zones de non droit », « les échecs de l’intégration » et les nécessaires appels à transmettre et respecter les « valeurs de la République ». Cela n’est pas faux mais cela ne doit pas faire oublier la volonté de la majorité des classes populaires musulmanes de prendre et de faire prendre à leurs enfants l’ascenseur social, d’autant plus qu’ils se trouvent souvent au sous-sol de celui-ci. De même que l’on n’insiste pas assez sur l’émergence d’une classe moyenne musulmane dont l’évidence se manifeste à la consultation des noms des médecins, des enseignants, des commerçants, des chefs d’entreprise et des cadres dans notre société du 21e siècle.

Il n’y a donc pas de problème d’intégration en soi dans notre pays. Il y a un problème d’inégalités et d’exclusions qui frappe une partie de la population et surtout de sa jeunesse. Et, quand ces inégalités et ces exclusions se doublent d’un discours stigmatisant résultant en grande partie d’une incapacité à tenir les promesses d’égalité et d’émancipation de notre République, alors il n’est pas étonnant en retour cela conduise une partie ces populations à se replier sur elles-mêmes et à rechercher le réconfort dans une identité imaginaire. Ce repli est d’autant plus spectaculaire qu’il prend des formes de visibilité différentes de celles traditionnellement en cours dans la majorité de la population. Mais ceci ne constitue pas une nouveauté, nous avons connu, lors des siècles précédents, les apaches et les loubards.

La situation des musulmans de France offre un grand nombre de points de comparaison avec celle des noirs aux Etats-Unis. Une volonté d’égalité et d’intégration qui se sont traduites tant par des mouvements collectifs revendicatifs pour l’égalité des droits que par un processus d’émergence d’une classe moyenne, processus plus ou moins encouragé selon les périodes par les politiques publiques mis en œuvre. D’un autre côté, la montée des inégalités et l’extrême polarisation des richesses à l’œuvre depuis les années 80 a produit la constitution de ghettos sociaux et mentaux qui précipitent dans un repli sur elle-même, dans la radicalisation et dans la violence une partie des populations qui y sont confrontées. De même aux Etats-Unis il y a des Barack Obama, Condoleeza Rice, Colin Powell, Denzel Washington, Will Smith, Oprah Winfrey, des politiciens, des avocats, des enseignants, des médecins blacks et dans le même temps plus de noirs en prison à Manhattan qu’inscrits à l’université, des Rodney King par centaines de milliers. De même, les Etats-Unis ont connu à la fois l’émergence d’une génération d’hommes politiques noirs, affirmant leur foi dans le rêve américain tout en voulant lui redonner une consistance effective et dont l’élection de Barack Obama à la magistrature suprême fut l’aboutissement, et aussi Malcom X, les Blacks Panthers, la Nation of Islam. En France, avec retard, nous voyons émerger des figures similaires dans le monde de la politique, du spectacle, des affaires, de la recherche et de l’université et nous avons également notre lot de paumés, de marginaux, de déclassés, de délinquants, nos groupuscules salafistes. Mis à part le Klu Klux Klan et la frange ultra conservatrice des Républicains, personne aux Etats-Unis ne considère que les noirs soient en soi, par essence, un problème. Le débat se partage entre ceux qui considèrent que la priorité passe par le respect des règles communes, que la liberté dont jouit chaque individu en théorie a pour corollaire la responsabilité dont il doit répondre pour les actes qu’il commet et ceux qui considèrent qu’il ne saurait y avoir de liberté et de responsabilité complètes sans une égalité réelle équivalente entre les individus et que la répression nécessaire du comportement de certains ne saurait exonérer les pouvoirs publics de mettre en œuvre des politiques susceptibles de faire reculer les inégalités.

Or, en France, actuellement, de plus en plus de responsables politiques et de décideurs publics ont tendance à considérer que nous sommes confrontés à un problème de compatibilité entre l’Islam, les musulmans et la République, bien avant la question de l’explosion des inégalités et d’un avenir qui se bouche de plus en plus pour un nombre croissant de nos concitoyens. C’est cela que l’on pourrait qualifier de lepénisation des esprits. Celle-ci ne touche pas que les rangs de l’extrême-droite. Elle contamine de plus en plus les rangs de la droite traditionnelle. Quant à la gauche, une bonne partie d’entre elle semble tétanisée par ce phénomène et pour cause, la bonne conscience ne suffit plus à contrebalancer un abandon progressif et substantiel de sa volonté de changer l’ordre des choses et à inverser sa soumission progressive à la doxa économique et sociale des classes dirigeantes. Et, quand, par exemple, le Premier Ministre déclare devant la presse le 20 janvier 2015 qu’il existe en France « un apartheid territorial, social et ethnique », il en tire comme seule conséquence qu’il convient au fond de ne rien changer. Pire, même, le budget présenté en 2016 réduira encore plus les moyens de l’intervention de l’Etat et des collectivités locales pourtant traditionnellement considérée comme un des leviers les plus puissants pour réduire les inégalités.

Il existe pourtant de nombreux facteurs d’espoir dans notre société. Le plus important concerne les Français. Leur sociabilité concrète, réelle, est en parfait décalage avec le discours idéologique dans lequel ils baignent et qui tend de plus en plus à structurer leur imaginaire. C’est pourquoi il convient d’engager la bataille sur le terrain des idées. Une bataille idéologique qui se donnerait comme premier objectif de combattre les peurs et les fantasmes en remettant l’égalité au cœur du débat public, comme un préalable à toute possibilité pratique de changer demain les politiques qui depuis trop longtemps ont échoué dans notre beau pays et sur notre continent.

 

 

Posted on September 26, 2015 .

Je soutiens la motion A…

Pardonnez-moi de vous parler, pour une fois, de quelque chose qui ne concerne que le Parti Socialiste.

 

Je soutiens la motion A...

 

Pour deux raisons principales, par ordre d ‘importance :

 

-          J’ai contribué, par mon action et mon vote, à mettre en situation de gouverner une majorité de gauche, dirigée par le Parti Socialiste.

Le gouvernement actuel travaille, sérieusement et de manière professionnelle, à mettre en œuvre des réformes difficiles dans un environnement peu aisé.

Personne ne niera que les choses ne sont pas parfaites, que les débuts du quinquennat furent tumultueux, que notre majorité n’était peut-être pas assez préparée à l’exercice du pouvoir.

Mais ce gouvernement gouverne et réforme, avec une équipe dans laquelle brillent quelques étoiles montantes, jeunes et féminines.

Il a besoin d’un soutien clair de sa base politique, j’y contribuerai à ma modeste mesure.

 

-          La ligne politique est clairement sociale-démocrate et je me reconnais dans cette approche, qui propose de concilier au mieux économie de marché et justice sociale.

Pour une fois, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, comme cela aurait pu être le cas sous l’impulsion de DSK, notre gouvernement comprend le monde économique et les entreprises,  et il mène des réformes économiques sensées.

Peut-être pas assez ambitieux ou innovant, le programme gouvernemental est néanmoins cohérent et permet à la France d’être regardé comme un partenaire international crédible et solide.

L’exercice est difficile, tant il est plus payant politiquement de promettre des lendemains qui chantent que de demander des efforts.

Il faut le continuer et parier sur l’intelligence des Français.

 

Au-delà, nous ne devons pas oublier, pris à nos querelles intestines et à nos guerres d’appareil, où se situent nos adversaires politiques.

Nos adversaires politiques n’ont pas de programme et à peu près plus d’idées. FN, UMP, UDI, ils se battent pour le pouvoir, pas pour ce qu’ils en feraient. Changent de parti ou d’étiquette lorsque cela paraît habile pour avoir plus de chances d’être élu. Ressassent les mêmes idées odieuses et illégales, toutes centrées sur la haine de l’autre, parce qu’ils pensent que c’est par là que passe le chemin du pouvoir.

Si nos débats internes permettent de faire émerger un programme socialiste de consensus, renouvelé et audacieux, alors tant mieux.

Nous nous battrons alors pour nos idées, tous ensemble.

Posted on May 17, 2015 .

Deux ans déjà...

Le 23 avril 2013, après 136 heures de débats houleux au Parlement, ponctués par de nombreuses manifestations, l'Assemblée nationale adoptait, par 331 voix pour et 225 contre, le projet de loi dit du « mariage pour tous », ouvrant le mariage civil et l'adoption aux couples homosexuels.

Bilan :

-       17.500 couples de même sexe se sont mariés en 2 ans.

-       Selon les sondages, jamais autant de Français ne se sont déclarés favorables au mariage pour tous : on atteint 68%. Même les sympathisants UMP se déclarent en faveur du mariage pour tous en grande majorité : 58% (contre 33% en janvier 2013).

-       La terre tourne toujours dans le même sens.

Posted on April 23, 2015 .

Festival d'Angoulême: Riad Sattouf, Fauve d'or du meilleur album

Le Fauve d'or du meilleur album du 42e Festival d'Angoulême a été décerné dimanche à Riad Sattouf pour L'Arabe du futur: une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) (éd. Allary), un roman graphique tendre et hilarant sur son enfance entre Paris, la Libye de Kadhafi et la Syrie d'Assad.

Un bon exemple d'indépendance intellectuelle, qui permet à son auteur de porter un regard en même temps terriblement critique et plein d'amour sur le Moyen-Orient et ses contradictions.

Aimer sans se renier, aimer sans être aveugle, c'est possible.

Posted on February 1, 2015 .

Je me suis abonné à Charlie Hebdo

Je voulais marquer mon soutien de manière pratique.

J'ai bien dépensé cet agent, je recevrai Charlie Hebdo chez moi, à Londres, et j'espère qu'ils continueront à me faire rire.

Vous pouvez le faire, c'est accessible pour beaucoup de pays du monde.

NO PASARAN

Posted on January 9, 2015 .

CONSEIL DE SECURITE SUR LA MENACE TERRORISTE

Le Consul Général de France à Londres a réuni aujourd’hui en urgence les conseillers consulaires en leur de formation de Conseil de Sécurité, à la suite des odieux assassinats perpétrés sur les collaborateurs de CHARLIE HEBDO.

Autour des Conseillers Consulaires, le Consul Général a rassemblé toute son équipe, y compris le Ministre Conseiller en charge des questions de sécurité et le Capitaine de Police qui assure la liaison avec le Home Office pour les questions de sécurité.

Au début de la réunion, l’assistance a respecté une minute de silence en hommage aux victimes de l’attentat.

Les points suivants ont été présentés par les différents interlocuteurs de l’Ambassade et du Consulat, puis discutés :

-       S’il n’y a pas de menace spécifique identifiée aujourd’hui, le niveau de menace terroriste et le risque d’actions terroristes à courte échéance sont considérés par la France et le Royaume-Uni comme très élevés.

-       Les autorités Britanniques ont solennellement exprimé leur solidarité et leur tristesse par trois actions symboliques majeures : la Reine Elisabeth a adressé une lettre de sympathie au Président de la République, les drapeaux britanniques ont été, fait exceptionnel pour un évènement non-Britannique, mis en berne hier et un membre de la famille royale viendra aujourd’hui signer le registre de condoléances.

-       Il a été rappelé la totale solidarité des autorités Britanniques avec la France dans ces circonstances tragiques. Même si l’obligation de sécurité appartenant à l’Etat Britannique, les autorités Françaises ont entamé des discussions au plus haut niveau avec leurs homologues Britanniques pour définir les meilleures réponses possibles à cette situation de crise.

-       La sécurité des établissements scolaires a été discutée, ainsi que la nécessité pour tous les acteurs de faire preuve individuellement et collectivement d’une grande vigilance.

-       Un renforcement significatif des mesures de sécurité dans tous les lieux publics, ainsi que dans les gares et les aéroports, est en cours. L’allongement des temps de passage des points de contrôle est à prévoir.

-       Des registres de condoléances sont ouverts au Consulat et à l’Institut Culturel Français. Un registre de condoléances électronique est ouvert sur le site de l’Ambassade.

J’ai suggéré :

-       qu’une communication à l’ensemble de nos compatriotes soit faite la semaine prochaine via le fichier électronique de la LEC. Ceci permettre à nos compatriotes de bien comprendre la situation et les mesures prises, en coordination avec les autorités britanniques.

-       Qu’un encouragement à un renforcement des mesures de sécurité soit aussi adressé aux entreprises Françaises, via le réseau des Conseillers du Commerce Extérieur de la France et la Chambre de Commerce Française de Grande-Bretagne.

Sur la suggestion de Mme Morgane Marot, les Conseillers Consulaires proposeront un texte commun pour inclusion dans la prochaine lettre électronique du Consulat.

L’ensemble de l’assistance s’est ensuite entendue pour saluer l’initiative du rassemblement de solidarité de ce soir 18h30 à l’Institut Culturel Français, auquel participera Mme l’Ambassadrice.

Posted on January 9, 2015 .

No pasaran

Aujourd'hui, à Paris, en plein jour, de sang-froid, des hommes lourdement armés et parfaitement organisés ont assassiné des journalistes. Ils ont cru réduire au silence des esprits brillants, fervents défenseurs de la liberté d’expression et de pensée.

Il n’en est rien.

Nous continuerons à penser et à nous battre pour défendre et améliorer notre société, parce que nous croyons qu’elle est bonne et juste. Imparfaite certes, mais bonne et juste, meilleure et plus juste que tant d’autres.

Peu m’importe leur convictions, ces gens sont des assassins et des terroristes, ils doivent être traités comme tels, avec une fermeté inédite et un déploiement de moyens sans précédent, Mais à l’intérieur des règles de notre état de droit, sans nous laisser entraîner aux amalgames, à l’arbitraire et à la violence qui structurent l’univers de ces assassins.

Et je crains que ce ne soit maintenant un défi Européen, qui appelle une réponse Européenne, voire plus large. N’oublions pas le soldat Rigby, assassiné récemment à l’arme blanche à Londres.

Ce grand banditisme d’une forme nouvelle naît chez nous. Il est généré par le fractures de notre société, il est aussi toléré, sinon encouragé, par des citoyens Français. Nous devons trouver le juste équilibre entre une réponse forte et juste, sans état d’âme, maintenant, et une réflexion sans concessions sur les nécessaires réformes de notre modèle de société, qui a participé à créer les conditions dans lesquelles de tels comportements déviants se développent.

Il faut désormais nous battre, avec la force de nos convictions et les armes de nos démocraties.

Comment vivre quand un être aimé a été assassiné ? Mon cœur saigne pour ces familles déchiquetées. Mes pensées vont vers elles.

La seule chose que je peux leur apporter est ma promesse de participer au combat, pour qu’ils ne soient pas morts pour rien. 

 

Posted on January 7, 2015 .

Happy new year

L’année 2014 aura été une année difficile.

Dans un monde instable, soumis à des pressions changeantes et pauvrement gouverné, notre bon vieux pays, comme tant d’autres, peine à imaginer son futur.

Notre pacte social est mis à rude épreuve, critiqué parfois à raison, mais le plus souvent par calcul politicien. Nos familles peinent, gérant depuis 15 ans des budgets de plus en plus tendus sans comprendre pour quoi. La colère gronde, tant la distance des gouvernants et leur apparente impunité paraissent insupportables.

La culture de l’instant et le flot ininterrompu d’information décourage la réflexion et stimule l’adhésion aux thèses simplistes des extrêmes.

Gardons espoir, ayons confiance en nous-mêmes. Localement, dans nos communautés, nous restons capables du meilleur. Nous ne devons combattre que l’intolérance, la haine de celui qui est différent. C’est le seul poison mortel pour notre communauté nationale.

Acceptez mes meilleurs vœux pour 2015.

Que cette nouvelle année protège au mieux tous ceux que vous aimez.

Que cette année nous voit nous battre pour protéger les plus faibles d’entre nous.

2014 has been a difficult year.

In a deeply unstable world, with a poor governance and under severe pressure, our good old country struggles to think its future, as many others.

Our social model is under pressure, sometimes rightly criticized, most often undermined for political reasons. Our households have been managing over the last 15 years tighter and tighter budgets, without understanding why or what for. The anger is strong, as our political leaders appear distant and not respecting any of the common rules.

The culture of speed in all matters and the continuous flow of information discourage real thinking and encourage the support to the simplistic ideas of extremist parties.

Let’s hope and stay confident in our own capacities. Locally, in our communities, we are still able to do great things. We only have to fight intolerance, this appalling rejection of what or who is “different”. It is the major risk for our nations.

Please receive my best wishes for 2015.

May this New Year protect those you love.

May this New Year see us fight to protect the weakest.

Posted on January 4, 2015 .